La culture, nouvelle arme de développement massif ?

Vodun Days, Musée international des arts et civilisations vodun à Porto-Novo, Musée de l’épopée des amazones et des rois du Danxomè, Route des couvents vodun, route des Tata, Construction du nouveau Palais Royal de Nikki et de l’arène de la Gaani, Place de l’Amazone à Cotonou…c’est peu de dire que le chapelet de projets à portée culturel lancé par Patrice Talon a fier allure.

L’on assiste depuis quelques années à une sorte de Rebranding de la destination Bénin à coup d’investissements divers. Mais au-delà des infrastructures c’est la conviction du maître d’œuvre de cette politique, le président de la République du Bénin de ce que la culture béninoise peut être un pilier de développement du pays à l’instar des traditionnels secteurs souvent mis en avant.

Débloquer le potentiel de nos régions, de nos temples et couvents, revivifier notre histoire diverse et séculaire… vaste programme mais pas toujours facile à mettre en musique.

Le Bénin, une Nation composite au fragile équilibre

L’organisation les 9 et 10 Janvier 2024 des Vodun days , belle réussite populaire pour un premier coup d’essai a révélé quelques crispations qu’il serait avisé de prendre en compte. La gêne de certains béninois de se voir assigner une identité culturelle mais éminemment cultuel à laquelle ils ne souscrivent pas. On a beau avoir conscience de baigner dans notre pays dans une sorte de syncrétisme d’ambiance toléré de tous, il n’en demeure pas moins que la fierté de proclamer l’universalité de nos valeurs ancestrales s’arrête pour beaucoup à la porte de nos couvents …de nuit c’est encore possible, de jour et en mondovision, c’en était visiblement trop pour certains.

Aussi était-il frappant que l’engouement n’était pas aussi national qu’on aurait pu le souhaiter ; l’épicentre de la fête étant à Ouidah. Dans un pays encore prisonnier de réelles crispations identitaires, il est plus qu’urgent de travailler à un véritable récit national où chacun trouvera aisément sa place. À défaut et sous peu, il faudra alors contenter chaque communauté, chaque ethnie et chaque région et voir ainsi la belle ambition de Patrice Talon se noyer dans une sorte de clientélisme mortifère dont nous en avons bien l’habitude.