Il a suffi d’un refus d’obtempérer, requalifié depuis en « outrage et violence à agent dépositaire de la force publique » par le tribunal de première instance de deuxième classe de Natitingou pour que trois policiers s’acharnent sur un individu à l’occasion d’une banale verbalisation pour non port de casque. La vidéo de cette arrestation fort musclée intervenu le 11 Avril 2024 à Natitingou, au Nord-Ouest de Cotonou, a fait le tour des réseaux sociaux et déclenché le courroux populaire.
Chacun y est allé de sa condamnation : députés, société civile, citoyen …. C’était tous contre la police : Violente, répressive, assassine….
Mis à part une hiérarchie qui après un acte de contrition qu’on peut juger sincère et des mesures fortes pour canaliser quelque peu la fougue de ses hommes, très peu de défenseurs de cette police qui pourtant a réussi à faire tout au moins de nos principales villes, peut être les plus sécurisées de la sous-région. Des procédures disciplinaires engagées contre les intéressés, une fois qu’ils auront purgé les 6 mois de prison ferme auxquels ils viennent d ‘être condamnés ce 25 Avril 2024.
La police comme bouc-émissaire de la détresse sociale du moment….
Mais quand on prête plus l’oreille aux différentes récriminations, on se rend compte très vite qu’au-delà de la dénonciation de la violence policière, ce sont bien le coût du casque désormais obligatoire, le montant des amendes en ces temps de vaches maigres, la misère sociale en somme qui est tout autant dénoncée. La surenchère autour du maïs, denrée de base de l’alimentation au Bénin vient en rajouter aux griefs des populations.
La fronde contre les policiers semblerait être en réalité une fronde contre l’inflation galopante face à laquelle les gouvernants ont visiblement du mal à trouver des réponses. Il serait trompeur alors de ne voir dans les protestations qu’une affaire de non port de casque abusivement réprimé mais plutôt l’expression plus ou moins virulente d’un gisement de frustrations jusque-là contenues. Mais pour combien de temps encore ? Qu’arrivera-t-il à la prochaine bavure ? surtout si le prix du maïs continue de s’envoler…